Os portugueses têm de salvar-se de si próprios, para salvarem Portugal

terça-feira, 10 de abril de 2007

976. O fictício emprego do "engenheiro"

PORTUGAL L'emploi fictif de "l'ingénieur"
Le Premier ministre portugais José Sócrates est accusé de s'être arrogé abusivement le titre universitaire d'ingénieur. L'utilisation des désignations honorifiques pour les politiques est monnaie courante dans la société portugaise et notamment dans les médias. Une véritable anomalie, estime le Diário de Notícias.
Le Portugal est le seul pays européen où les distinctions universitaires sont indissociables d'une carrière professionnelle d'envergure, particulièrement en politique. Ces titres, concédés par l'Etat, caractérisent notre petitesse complexée et provinciale. Ainsi, en France, il ne viendrait à l'esprit de personne de s'interroger sur la nature du titre académique d'André Malraux – qui, d'ailleurs, n'en avait aucun. On sait aussi que le plus charismatique des présidents de la Commission européenne, Jacques Delors, a commencé comme ouvrier et n'avait aucune qualification universitaire, destin identique à celui de l'ancien Premier ministre britannique John Major. Et l'on pourrait multiplier les exemples. Même au Portugal, plus personne ne se demande si le plus classique de nos poètes, Luis de Camões, a décroché un quelconque examen dans des études universitaires propres à son domaine de prédilection – il n'a rien eu de tout cela, bien évidemment –, ou si le plus génial créateur littéraire portugais du XXe siècle, Fernando Pessoa, était docteur en quoi que ce soit.

D'ailleurs, même notre Prix Nobel de Littérature, José Saramago, a été serrurier. Le problème principal vient des hommes politiques. C'est au demeurant un vieil héritage, antérieur à la dictature de Salazar, bien que celui-ci ait été l'inspirateur le plus récent du complexe d'infériorité national, cultivé avec révérence par la classe politique actuelle. A l'époque de la monarchie, l'accès aux fonctions les plus élevées de l'Etat était exclusivement réservé, à quelques exceptions près, à ceux qui étaient investis de titres de noblesse : comtes, marquis ou ducs. La République [apparue en 1910] les a substitués par le titre de docteur : de Afonso Costa [Premier ministre à plusieurs reprises sous la Première République] à Mario Soares [président entre 1986 et 1996], sans oublier Alvaro Cunhal [ancien leader du Parti communiste]. Etre professeur est ainsi devenu un insigne supérieur de pedigree, particulièrement pour ceux qui venaient de province et étaient d'origine modeste, comme Cavaco Silva [l'actuel président] et… Salazar. Et être ingénieur a prêté à la fonction de Premier ministre une touche de modernité, comme c'est le cas aujourd'hui avec José Sócrates.

L'embarras du Premier ministre au sujet de la polémique sur ses qualifications académiques n'aurait aucune raison d'exister si le concept de modernité de Sócrates [originaire d'une région rurale du nord du pays] n'était pas, au fond, aussi marqué par le complexe d'infériorité et de provincialisme qui affecte la classe politique. Bien avant la déchéance de l'Universidade Independente [cet établissement d'enseignement supérieur privé, où Sócrates aurait obtenu son diplôme, est aujourd'hui touché par de nombreux scandales] et les révélations dans les journaux, le curriculum vitae de Sócrates était déjà cruellement évoqué dans la blogsphère. Mais la coïncidence malheureuse entre les épisodes choquants de l'Universidae Indepedente et le malaise "socratique" a fini par jeter une tache inopportune sur la crédibilité du Premier ministre.
Vicente Jorge Silva
Diário de Notícias

Courier Internacional

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